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JOURNAL D’UN BIBLIOPHILE

Le 13 mai 1906, dans un article, je faisais un appel où je déplorais le manque d’entente entre les journaux franco-américains.

Même si j’avais écrit deux fois mieux, ce n’est pas en combattant un simple particulier que mes contradicteurs pouvaient aider la cause nationale.

Ils étaient supposés savoir que, depuis les fameuses sorties du trop fameux Talbot Smith, il y avait péril pour le parler des Canadiens français établis aux États-Unis. Des milliers et des milliers de ceux-ci avaient, sous l’ostracisme voulu et concerté, perdu leur langue et leur foi de catholiques.

Or, pourquoi ne pas concentrer toute l’énergie et les capacités de nos écrivains journalistes contre l’ennemi commun, les fils de la Verte Érin, persécuteurs de notre langue française.

Cet appel fut entendu et compris et, quelques mois plus tard, à une convention de la Société, on formait l’Association de la Presse Franco-Américaine.

J’étais heureux et triomphant et, Dieu merci ! depuis ce temps, on ne voit plus nos journaux franco-américains se quereller, sortir leur attirail de phrases et de gros mots ronflants pour se jeter et se renvoyer des injures perfides et déprimantes.

Mais revenons à mon ami Wilfrid. Je veux bien croire qu’il est permis de prendre innocemment des petits plaisirs au dépens d’autrui, mais je suis com-