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JOURNAL D’UN BIBLIOPHILE

avoir recueilli et conservé autant de vieilles choses du temps passé.

C’était l’élite des intellectuels que j’avais devant moi et l’un d’eux me dit :

— Vous êtes chanceux de ne pas avoir été retenu sur les bancs du collège depuis l’âge de huit ou dix ans jusqu’à instruction complète, car vous ne seriez pas, aujourd’hui, en état de nous rappeler tant de vieilles choses qui nous parlent des ancêtres.

En 1923, le "Journal of the American Folk-Lore " publiait une première série de mes contes populaires canadiens (24) et doit en publier une autre série sous peu.

Mes vieilles chansons avec musique, se chiffrant à environ un mille, ont pris la même direction et le "Royal Museum", d’Ottawa, doit les publier avec d’autres dans un fort volume avant longtemps.

Un prêtre d’une paroisse de la Province de Québec ayant ouvert une bibliothèque paroissiale, je lui ai passé quelques cents volumes d’ouvrages canadiens que j’avais en double.

Ainsi, tous mes livres, tous mes manuscrits, tout cela s’effrite, s’éparpille, s’envole et disparaît de mes mains, de mes yeux, de mon âme pour aller faire œuvre nationale chez mes compatriotes et, comme le dit encore Louis Veuillot : « Ce n’est peut-être point autant que je voudrais pour faire la volonté de


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