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JOURNAL D’UN BIBLIOPHILE

— Pour un garage d’auto, me dit-il.

— Non, c’est pour y placer mes livres.

— Des livres ! s’exclama-t-il en me regardant fixement un instant.

Il partit en disant qu’il y verrait.

Je devinai sa pensée, ma demande lui avait paru hors de l’ordinaire. Je ne le revis qu’après avoir vendu ma collection à l’Association Canado-Américaine, ce qui arriva peu de temps après.

Il vint me voir alors et me dit :

— Cette proposition était donc sérieuse ?

— Des plus sérieuses, répondis-je, mais je ne bâtis plus à présent, car j’ai vendu mes livres.

— Je le sais, et je vois par le prix de vente que cela valait la peine d’être mis en sûreté.

— Peut-être, mais, pour moi, ce n’était pas le prix que je considérais, mais la perte de ces livres rares et précieux qui n’auraient pu être remplacés.

Entre temps, j’avais l’insigne honneur de recevoir la visite du R. P. Henri Beaudé (Henri d’Arles de son nom d’auteur).

Cet éminent écrivain était à traduire et à ajouter plusieurs chapitres à l’œuvre de Ed. Richard : « Acadia ».

D’après une information, il s’était présenté et


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