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à Jean. Celui-ci en éprouva un grand plaisir, et devant le désir exprimé de part et d’autre, il accepta la tâche avec joie et empressement.

Jean était satisfait, non pas que la chose fut nouvelle, car dans nos familles canadiennes il est rare qu’on ne remplisse le rôle de parrain, soit chez un frère, soit chez une sœur, même chez des étrangers, comme cela était arrivé à Jean.

C’était en 1880. Jean demeurait à Fall River, État du Mass. Un jour, arrive en cette dernière ville une pauvre famille du nom de Dugas, ne connaissant personne, comme cela arrivait souvent dans les premiers temps de l’émigration des Canadiens-français vers les États de la Nouvelle-Angleterre.

C’était le père St-Laurent qui avait présenté Jean à la famille Dugas. Il faut tout dire. Le père St-Laurent avait une mignonne petite demoiselle, et cela adonnait à Jean d’être « compère » avec la petite du père St-Laurent. C’était l’âge des petites émotions amoureuses.

Être parrain, mais Jean avait servi de parrain à toute une famille. Cela pourrait paraître étrange à plusieurs. Mais il n’y a rien d’extraordinaire à cela, car vers ce temps-là aux États-Unis, il n’y avait pas de prêtre et des églises à toutes les portes comme aujourd’hui. Beaucoup de petits villages, où il y avait peu de catholiques, ne voyaient pas le prêtre durant des années. En cette occasion, Jean dut servir de témoin à toute une famille. Il allait à l’école dans le temps, lorsqu’un jour le curé de la paroisse fit demander au maître d’école d’envoyer deux jeunes garçons,