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Le mari de plus en plus irrité contre sa femme se rend à la maison et de nouveau reproche amèrement à son épouse son manque d’obéissance.

La pauvre femme navrée tout en protestant est très affectée par les paroles acerbes que lui adresse son mari, à tel point, qu’elle en fit une maladie et que son mari crut qu’elle allait en mourir dans la nuit qui suivit cette scène de désaccord survenue entre eux.

Le mari voyant son épouse dans cet état lamentable se met à réfléchir qu’il avait peut-être été trop brusque dans ses représentations et aussi, qu’il pouvait bien y avoir quelques trigauderies de la part de la chèvre.

Le lendemain quand l’heure fut arrivée d’aller soigner la chèvre, le mari s’affubla des habits de sa femme, se cacha la figure pour ne pas être reconnu, et s’en alla donner à cette dernière tout ce qu’il pouvait trouver de mieux.

Quand la chèvre eut bien mangé, le mari imitant la voix de son épouse lui renouvela la demande : « As-tu bien bu, bien mangé, bien ferligoté plein ton gosier ? »

« Oui, dit la chèvre, j’ai bien bu, bien mangé, bien ferligoté plein mon gosier. »

Le mari va à la maison, met ses propres habits et revient demander à la chèvre si elle a bien bu, bien mangé…

Trompée par l’apparence, la chèvre répond d’une voix de plus en plus plaintive : « Non, je n’ai point bu, point mangé, point ferligoté plein mon gosier ! »