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— Quoi veux-tu que je devine ; mais ta figure est si réjouie que je puis te dire que tu as fais un bon marché.

— Oui ! Et vaut autant te le dire de suite que de te laisser nager dans l’inconnu et l’incertain. Voici : « Étant arrivé un des premiers à la place du marché, j’eus vite fait de vendre toutes les denrées que j’avais apportées. Je m’appareillais à m’en revenir, lorsqu’arriva un homme tenant en laisse une chèvre possédant le don de la parole ; j’ai pensé te l’apporter, car non seulement elle pourra nous alimenter de bon lait gras, mais encore nous procurer un bon divertissement. »

Et le mari s’empresse de conduire sa femme à la bergerie où il avait enfermé la chèvre, ils donnèrent de l’eau et quantité de fourrage vert et tendre à cette dernière, la regardèrent manger quelque temps, puis le mari avant de quitter la bergerie s’adressant à la chèvre lui dit : « As-tu bien bu, bien mangé, bien ferligoté plein ton gosier ? »

— Oui, répond la chèvre, j’ai bien bu, bien mangé, bien ferligoté plein mon gosier. »

Sur ce bonsoir donné, l’homme et la femme s’en retournant à la maison tout joyeux de leur nouvelle acquisition qui devait être un grand désennui, pour la femme surtout qui, souvent, demeurait seule à la maison.

Le lendemain, le mari dut s’absenter pour la journée, pour affaire urgente et en partant, il recommande à sa femme en badinant de bien soigner la chèvre et même faire un peu de causette avec elle, si elle jugeait à propos.