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Tante Rose arrivait juste à cet instant, elle sourit et dit : « Oui, mes petits enfants, le diable est partout et cherche toujours à faire faire le mal aux petits et aux grands enfin de les entraîner à souffrir avec lui dans le feu de l’enfer. Il faut toujours prier comme le bon petit garçon dont je vous ai parlé l’autre jour. Et tante Rose commença :

Mes petits enfants, je vais vous conter une petite histoire grise, comme vous aurez l’occasion d’en raconter, lorsque vous serez grands, histoire triste comme il y en a eu et qu’il y en aura toujours, ou chacun dans la vie prend large part sans toutefois en faire demande.

C’était une fois un petit vieillard, un peu courbaturé par l’âge, s’en allant marchant appuyé sur une canne de bois vrillé et noueux, malgré ses pas assurés, laissant voir que ses jambes étaient assez bonnes pour supporter son corps frêle et léger.

Son âge, ses parents ne pourraient le donner et lui-même aurait été en peine de dire le nombre d’années qu’il avait vécues sur la terre. L’on chuchotait qu’il dépassait les quatre-vingts ans.

C’était l’âge où souvent l’on n’aime que médiocrement la compagnie de gens âgés, hormis que ce soit des personnes que l’on a connues dans son jeune temps pour se remémorer les souvenirs du passé.

À cet âge, souvent, l’on aime même mieux s’entretenir avec de tout jeunes enfants, car c’est le retour des gestes inoffensifs et innocents, l’âge où les souvenirs d’enfance reviennent réintégrer ou repeupler le