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Le diable n’était pas prêt à se rendre à cette invitation et prévoyant une scène après le passage du prêtre portant force et espérance au malheureux malade, il sortit précipitamment par la porte de derrière, oubliant d’apporter son violon. Le père lui jeta un regard de mépris et crut à cet instant apercevoir dans les yeux de ce dernier des tisons roulants dans le feu. Il s’empressa néanmoins sur le passage du prêtre qui, à cet instant, étend sa divine protection à ceux qui savent le prier dévotement.

Le diable, découragé cette fois, ne devait plus revenir.

***

Assez tard, le même soir, le diable devait faire face à une scène de faquin. Arrivant chez l’oncle, il s’introduit avec sa phrase ordinaire et la voix très peu rassurée :


« Je suis le prince Sacripan
Je fais la grêle et le vent
La pluie, les éclairs, le tonnerre
M’accompagnent jusqu’aux enfers. »


« Te voilà revenu ? » dit l’onde d’un air hébété. Car depuis la première entrevue et selon la promesse donnée de ne pas se montrer, l’oncle était resté dans sa chambre et s’était mis à boire des liqueurs enivrantes qui lui mettaient la tête en feu. « C’est chanceux, quelle nouvelle ? Le diable alors lui raconte son peu de réussite auprès de l’enfant et la faillite dans la tâche entreprise.