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yeux vers la terre, il commence à adresser à Marie, Mère de Dieu, les belles invocations connues.

Le diable, voyant l’enfant prier, saisit son violon avec frénésie et s’enfuit à toute jambe vers le bois le plus rapproché. Là il se roula par terre, de rage, d’avoir été joué par un tout jeune enfant qui ne faisait que prier à tout propos.


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Fourbu par la guigne qui s’était acharnée à contrecarrer ses desseins, le diable résolut de se reprendre le lendemain, mais seulement durant l’après-midi, vu que tout l’avant-midi l’enfant employait son temps au travail et à la prière.

Donc, le lendemain, vers les deux heures, il s’emmena chez les parents de l’enfant. Il prit autant que possible un air avenant, cherchant à dissimuler son état d’âme toute de rage. Comme la veille, les parents étaient occupés au jardin. Il s’avance et présente son violon à l’enfant, le priant de lui jouer un morceau, des plus gais. Mais voilà que les cloches de l’église se mettent à sonner et l’enfant regarde dehors ; c’est une voiture qui passe, on porte un enfant à l’église pour le faire baptiser. « Pardonnez, mon oncle ! il faut que j’aille à l’église voir si Monsieur le curé requiert mes services. L’enfant parti, le diable alla se blottir dans la talle d’aulnes, près de la maison, maugréant et pestant il attendit le retour de celui-ci. Bientôt l’enfant revint et le diable sortant de sa cachette, lui présente le violon avec force cajoleries empressées.