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non seulement pour moi-même, mais encore, sur ceux qui me sont chers. »

Après avoir discuté longuement, ne pouvant avoir l’avis du prêtre missionnaire absent de la place en ce moment, on décida finalement, que le père se rendrait au rendez-vous à l’heure désignée tenant dans ses bras son dernier né. « Prends ton enfant, lui avait dit son épouse, je suis convaincue qu’avec ce petit ange pur, cet emblème d’innocence dans tes bras, jamais l’esprit infernal n’aura aucun pouvoir de te faire du mal. »

Le lendemain à l’heure convenue, le colon se rend, tenant dans ses bras son dernier né, à l’endroit redouté, tandis que sa femme se met en prière, implorant le secours du ciel sur ces êtres chers et aimés.

Le diable ne se fit pas attendre longtemps, il apparaît tout à coup dans un tourbillon de fumée âcre, accompagné d’un grand bruit assourdissant. Il n’avait pas sans doute prévu la décision du père, car en l’apercevant avec son enfant dans ses bras, il fut secoué par un frisson de rage et ce fut par des imprécations accompagnées de menaces qu’il aborda le hardi colon et lui dit :

« Pourquoi as-tu apporté cet enfant ? Dépose-le par terre à tes pieds et te ferai connaître la réponse à ton interrogation d’hier, de ce que je cherche sur la terre. Fais ce que je te dis, abandonne cet enfant et tu y trouveras grand profit, car je peux te procurer de grandes richesses, du bien-être et du plaisir de jouir plutôt que de te condamner à peiner et souffrir toute ta vie durant. Oui, abandonne cet enfant à son sort