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toutes les malices soufflées par les démons de l’enfer, à la sacristie. Jean en était. Il y avait là tout un groupe de compatriotes : le père, la mère avec leurs six enfants qui, après avoir vécu plusieurs années dans l’un de ces petits villages sans prêtre, avaient décidé de venir demeurer à Fall River.

Là, apprenant qu’il y avait des prêtres et des églises, se rappelant leur titre de catholiques, ils décidèrent de faire baptiser leurs enfants. Voilà comment, il y a plusieurs années, on pouvait servir de parrain à toute une famille, sans que cela puisse paraître extraordinaire.

Nonobstant le nombre de fois que Jean avait été parrain, ce soir-là il était vraiment satisfait. Comme il a été dit plus haut, venant de la part de tante Rose, si bonne, si remplie de délicates attentions pour lui et son épouse, ce désir exprimé lui faisait grand honneur. Le lendemain, l’enfant fut porté à l’église et baptisé sous le nom de Georges Albert.

Le petit Georges grandit, choyé, caressé par les parents, et surtout par son parrain Jean, qui n’était pas le dernier à lui prodiguer les caresses et mille et une douceurs imaginables.

Le petit Georges alors avait deux ans.

Un soir en entrant à la maison, Jean s’aperçut qu’il y avait quelque chose d’inaccoutumé. En effet, le petit Georges était tombé subitement malade dans l’après-midi, son état ne faisait qu’empirer et avait inspiré des craintes sérieuses, qui, hélas ! devaient trop tôt se réaliser. La science du médecin qu’on avait été quérir fut impuissante. En voyant l’enfant, l’hom-