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Quand Jean-Claude eut repris haleine, il dit comme ça :

— À propos de parigots, je me ramentevrai toujours ceux que votre beau-père apporta chez nous.

J’étais tout petiot encore, et il gelait à pierre fendre ; la famille se tenait tout près, tout près du feu, le sarment flambait sec, il se faisait tard. Voilà qu’on bûche à la porte, tant que c’est assez. Notre mère se dérange en criant : Ouvrez ! et votre beau-père entre portant dans ses bras deux parigots entortillés avec son manteau. Il les avait trouvés dans les pays de bois, tout nus, les pauvres petiots, sur des feuilles sèches, en plein mois de janvier. On ne savait leur voir figure humaine, et ils criaient comme de vrais bêtes. Mes frères et sœurs, moi comme les autres, nous nous reculions de peur. Notre mère, pour lors nous dit :