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Gens de Morlinval, de Morlincourt et des environs, comme les hirondelles de nos chaumes, se réunissent à jour fixé. On fait le voyage en troupe. Chaque moissonneur porte au haut d’un bâton une faux, des sabots, quelques hardes, un pain noir sous le bras et une gourde au cou.

Avant de se mettre en route, on regarde les larmes aux yeux la flèche de son clocher, le cœur bat le beurre ; mais fût-ce ! il faut partir.

Une fois hors du village, tout est oublié. Au bout du chemin luisent les belles pièces d’or. Pourquoi regretter la flèche rouillée de son église ? On a besoin d’argent, savez-vous, dans nos pays ; car, à réserve des quelques sous que les bonnets blancs gagnent avec leur fil et leur volaille, on ne fait pas rouler grand’monnaie. Et puis… les écus, ça réjouit l’œil, on a beau dire.