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proche, chacun gémit par prévoyance, peur ou souvenir.

Les fieux, allez ! ne jouent guère la bravacherie. Qui voudrait croire à leur indifférence ? Pourront-ils quitter sans regrets tant de choses attachantes, tant d’habitudes, tant d’affections ?

Craintifs, le jour fatal approchant, pourchassés par le danger, les pauvres petiots commettent souvent des actions blâmables. Je peux vous en donner un exemple ou deux sur mille.

L’an dernier, M. Céran, revenant de Morlinval, ramassa quelque chose sur la route. Une heure après, le fieu du berger de Morlinval vient le consulter pour son pouce coupé, d’après son dire, accidentellement. M. Céran sort de sa poche ce qu’il avait trouvé : ce n’était pas autre chose que le pouce en question.