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LE SIÉGE DE PARIS.

l’ordre de repartir. Il faut se hâter : nous sommes vaincus ! Les officiers perdent, égarent leurs bagages, leurs vêtements, leur argent. Le jeune lieutenant regrette surtout un pantalon à pieds que son oncle lui avait donné et qui faisait envie à tous les officiers, du 113e. « Pendant cette affreuse retraite, me disait-il, nos hommes, qui ne pouvaient plus se tenir debout, couraient cent mètres pour tuer un lièvre. Tous mes camarades, l’un après l’autre, se détachaient de leurs compagnies pour venir me faire une scie sur mon pantalon à pieds. Rien ne vaut la gaieté, ajoutait le brave petit lieutenant, pour guérir les ampoules aux pieds. »

On dit à Paris que Laon s’est fait sauter, que les gardiens de la poudrière ont attiré les Prussiens, sous la promesse d’une convention, et qu’ils se sont ensevelis avec eux. Laon est le chef-lieu de mon département. En 1815, la petite ville s’est défendue à outrance, et elle est restée pure de l’occupation étrangère.

Le commandant des mobiles, à Laon, m’inspirait des inquiétudes. C’est le petit-fils d’un homme