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LE SIÉGE DE PARIS.

criait à fendre l’âme : « Mon frère ! mon pauvre frère ! » tandis que huit agents écrasaient l’homme tombé sur le bord du trottoir.

Je me souviens de cette émeute factice, de cette comédie bouffonne jouée tous les soirs à la même heure, par les mêmes hommes en mêmes blouses blanches, qui chauffaient le public sur le même trottoir, et descendaient au même endroit en hurlant de même, huit jours durant : « Vive la Lanterne ! »

Enfin, l’empire n’est plus ! Nous avons écrasé l’infâme, et la générosité va bien au peuple.

La belle statue de Strasbourg est couverte d’ornements, entourée d’adorateurs ; il faut un chant, un cantique à ce culte : c’est encore la Marseillaise. On entonne le refrain de l’hymne guerrier, devenu un hymne religieux. Après le refrain, les jeunes gens qui ont paré la statue et qui ne cessent de recevoir des fleurs, des feuillages, des guirlandes, saisis par ce chant, s’arrêtent tout à coup ; chacun dans son geste, chacun dans sa pose, illuminés par l’inspiration merveilleuse d’un art inconscient mais admi-