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4 SEPTEMBRE.

Beaucoup de gens s’étaient portés vers la rue de Rivoli en apprenant que le nouveau gouvernement se rendait à l’Hôtel de ville ; mais tous furent arrêtés par une scène admirable.

Au pied de la statue de Strasbourg, qui personnifie à nos yeux tant de patriotisme, de courage, de dévouement à la France, des femmes, des hommes sont dévotement réunis ; ils regardent l’image de la capitale de l’Alsace et sentent leurs cœurs s’enflammer d’amour ; ils dévorent des yeux cette grande madone de pierre. Par un effort, moitié involontaire, moitié consenti, de l’imagination et du sentiment, le peuple prête tour à tour à la statue des expressions de tristesse ou d’espoir. La foule des adorateurs de cette Strasbourg pétrifiée grossit ; on entoure la chère ville, on lui prodigue les noms les plus enthousiastes, on lui décerne un culte. Trois jeunes hommes en blouse, des ouvriers alsaciens, escaladent le haut socle de la statue, grimpent sur ses bras, et la coiffent de ceintures rouges à moitié nouées, pareilles aux