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LE SIÉGE DE PARIS

— Croiriez-vous, me dit-il, que, depuis cinquante ans, j’ai toujours fumé des cigarettes, que mes doigts ont pu en rouler, par vieille habitude, dans les circonstances les plus graves de ma vie, et que j’ai cessé de fumer, sans m’en apercevoir, depuis trois jours ?

Edmond Plauchut arrive bien exalté. Ce qui l’irrite par-dessus tout, lui, ce qui met le comble à ses griefs, c’est la suppression des journaux. Il montait la garde hier au soir dans la cour du ministère de l’intérieur. Il voit venir à lui et à ses camarades M. Picard lui-même, qui leur dit : « Messieurs, vous avez appris l’horrible attentat… Vous avez des cartouches, n’est-ce pas ?… Vous savez qu’il n’y a plus de vivres que pour huit jours ? » Les gardes nationaux tournent le dos à M. Picard.

M. Germa, colonel de la garde nationale, entre et raconte sa campagne sur le plateau de Montretout, le manque de canons, de vivres, les éternelles attaques contre les murs, l’insolence d’un général, cette rage de retraite en bon ordre qui nous a fait toujours perdre nos positions