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LE SIÉGE DE PARIS.

les mitrailleuses qu’on dit cachées dans l’orangerie ?

Sur le pont de la Concorde il y a maintenant une lutte bras à bras, corps à corps. Chaque soldat, chaque gendarme, est entouré par vingt hommes ; on interpelle les officiers et les sous-officiers : tous perdent du terrain. La foule qui grossit, dont le flot n’a cessé de monter de minute en minute, qui emplit la place, les quais, et noircit l’horizon de tous côtés, montre aux défenseurs de l’Empire la folie d’une résistance. Les gardes nationaux du 6e bataillon sont eux-mêmes ébranlés ; les quelques patriotes perdus dans leurs rangs se rassurent et déclarent qu’ils appuieront aussi la déchéance.

Tout à coup l’ordre de charger la foule est lancé de l’autre côté du pont ; les soldats, mécaniquement, tirent leurs sabres ; les chevaux se soulèvent ! Aussitôt des mains arrêtent les mains des gendarmes ; les sabres rentrent au fourreau ; chaque cheval, tenu à droite et à gauche par la bride, demeure pétrifié à sa place. Acculés contre la balustrade du pont, les agents