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31 OCTOBRE.

M. Vinoy, gouverneur de Paris, commence bien. Sa première journée a été bonne. Son bonapartisme doit être satisfait. Cela rappelle en petit le 2 décembre. Et le gouvernement de la défense, qui fait grâce aux déserteurs et laisse tirer à mitraille sur trois cents exaltés dont le crime est de ne pas vouloir capituler ! Ces mitrailleuses, pour lesquelles on a souscrit dans la plus pauvre mansarde, étaient donc destinées à faucher les Parisiens, à faire merveille sur des Français ? Les hommes du gouvernement sont solidaires de l’acte coupable qui vient de se commettre. M. Picard, dont l’influence a puissamment aidé au choix de M. Vinoy est responsable du sang versé aujourd’hui.

Sur le boulevard, j’entendais dire par de pauvres gens : « Quoi ! nous avons tant souffert ; quoi ! nous avons supporté tant de privations pour qu’on nous mitraille, nous, nos femmes, nos enfants, quand on refuse de tuer les Prussiens ! » Les officiers de la garde nationale étaient atterrés. J’en vis plusieurs qui, après avoir été lanternés et trompés, voyant clair enfin, poussés à