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LE SIÉGE DE PARIS


versé ma cervelle, s’y sont accrochées, et qu’il a fallu les arracher une à une en ouvrant chaque fois les soudures de mon cerveau.

J’ai vécu pendant six jours enfermée, sans lumière, incapable de lire, d’écrire, d’entendre. On m’a dit les bonnes nouvelles de la province envoyées par Gambetta, et je ne les ai pas comprises ! Je ne percevais qu’une chose : les sons, parce qu’ils ajoutaient à ma souffrance. Le bruit de chaque obus ennemi a frappé sur ma pauvre tête comme un coup de marteau. Que MM.  les Prussiens piétistes soient contents ! Ils ont torturé, avec leurs bombes, aussi cruellement que l’eût fait la sainte inquisition, l’une des Françaises qui les hait le plus !

Je suis si faible encore que je ne puis rassembler mes idées.

Adam, qui a été inquiet de moi, est tout triste, malgré les bonnes nouvelles de la province.

Ce Gambetta prend des proportions de colosse, avec ses larges épaules qui ont toujours l’air de soutenir un monument. Il est la cariatide de notre France.