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LE SIÉGE DE PARIS


6 janvier 1871.


Le bombardement de Paris a commencé cette nuit, sans que nous en ayons été officiellement avertis par les Prussiens, suivant l’usage de la guerre. Les barbares ! Plus de trois mille bombes sont tombées autour du Jardin des plantes, du Luxembourg. On ne s’était pas garé, ne sachant rien ; plusieurs personnes ont été tuées dans leur lit. Les obus sifflaient par-dessus les toits, éclataient à droite, à gauche. Les pauvres bombardés ont d’abord perdu la tête, et, au lieu de se réfugier dans les caves, beaucoup se sont sauvés, se sont fait tuer dans la rue.

Le courage de Paris ne faiblit pas. Nous courons dès le matin chercher les bombardés ; on réquisitionne pour eux les maisons des absents ; c’est un va-et-vient, un déménagement universel des extrémités au centre de Paris. Le commandant Gauthier m’amène Jeanne, sa fille, une amie de la mienne, avec son sac de voyage. Elle a compté dix-huit obus qui ont éclaté autour de sa