Page:Lamber - Le siège de Paris, 1873.pdf/39

Cette page a été validée par deux contributeurs.
23
4 SEPTEMBRE.

Au moment où le cri : « En avant ! » se fait entendre sur les quais, et où la foule se précipite comme un ouragan vers le pont pour le forcer, un autre cri : « Les voilà ! » retentit avec une telle puissance que la masse entière s’arrête comme par miracle.

La colonne du pont, serrée, à moitié prisonnière, incapable de faire un mouvement et qui peut, à la moindre lutte, être prise entre deux feux, croit à l’arrivée de gardes nationaux de l’ordre et elle a un moment de cruelle inquiétude. Mais la voix formidable de milliers d’amis, qui chantent sur l’air des lampions le fameux mot déchéance, rassure les nôtres et trouble les derniers partisans de l’empereur Napoléon troisième. Des bataillons innombrables de gardes nationaux sans armes font irruption sur la place de la Concorde par la rue Royale ; ils couvrent le milieu de la chaussée, les trottoirs ; ils s’inclinent en courbe épaisse à l’angle de la Madeleine et du café Durand. Ce n’est pas tout ! Par la rue de Rivoli, sur le quai des Tuileries, le faubourg Saint-