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31 OCTOBRE.


malin qui fait donner des gages par les autres.

Paul Guéroult, qui continue de traîner la brouette aux tranchées, vient me voir. Il a passé une nuit dehors, la semaine dernière, par 17 degrés. Tu crois, chère Alice, qu’il est refroidi ; point du tout ! C’est lui qui remonte le moral de l’escouade dont il fait partie, et le brave garçon ne doute pas des destinées glorieuses d’une patrie qu’il consent à servir si humblement.

Mon neveu, Jules-Louis, ton unique cousin, se conduit fort bravement, Alice ; il est dans l’artillerie de la garde nationale, et j’ai reçu ce matin, du fort de Rosny, une lettre de lui, pleine de souhaits ardents pour notre France. Le fort de Rosny est bombardé par les Prussiens. L’artillerie de la garde nationale y fait honneur à notre Paris. Elle est pleine d’admiration pour son chef, le colonel Schœlcher, qui donne l’exemple de tous les courages. Mon neveu, avec soixante-dix de ses camarades, a réparé une brèche sous le feu ; il a une bonne petite blessure à la tête dont il est très-fier, et moi aussi. Trois artilleurs ont été tués ce matin dans une casemate par un obus prussien.