Page:Lamber - Le siège de Paris, 1873.pdf/388

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
372
LE SIÉGE DE PARIS


et ce Désert si chaud, où le soleil verse tant de rayons, où la lumière et la couleur éblouissent, où le sable brûle, me causait, par le contraste, un tel malaise d’esprit, une telle souffrance nerveuse, que je priai Adam de me ramener à la maison.

Nos amis, qui mouraient aussi de froid, revinrent avec nous se chauffer à notre pâle feu de bois de bateau.

Nous causâmes d’un projet du gouvernement qui serait de faire nommer des représentants de Paris et de remettre les affaires entre leurs mains. Ce projet me rappelle un jeu de mon enfance. On passe de main en main une allumette dont on a éteint la flamme, dont on diminue le feu, et l’on dit : « Petit bonhomme vit encore !» Il s’agit de passer l’allumette au voisin dans le moment même où le petit bonhomme se meurt.

Je suis bien certaine que M. Trochu jettera l’allumette, la dernière étincelle de Paris, au dernier instant, à quelque bon petit camarade, afin de pouvoir dire : « Ce n’est pas dans mes mains que le petit bonhomme est mort. » M. Trochu est un