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31 OCTOBRE.

plaisantes sur son cuisinier, nommé Petit, un véritable type, trouvant toujours le moyen de faire dîner son officier, quêtant, cherchant, furetant, ne dormant pas, bravant tout, dont l’unique vanité est d’inviter à dîner les camarades de son lieutenant le jour où leur ordonnance déclare qu’il n’y a rien à manger. Ces jours-là sont, avec plus de raison que le sabre de M. Prudhomme, les plus beaux jours de la vie de Petit.

L’esprit de la jeunesse se transforme. Les crevés, les sceptiques sont aux avant-postes. Je connais un jeune gandin, qui me répondait, il y a deux ans : « La patrie qu’é qu’c’est qu’ça ? Je remplis mes devoirs de soldat frrrançais en ne manquant pas une seule première de revue au théâtre. » Ce gandin-là s’est battu comme un lion à Champigny ; il a obtenu la médaille militaire sur le champ de bataille. Il m’écrit : « C’est étonnant comme ce diable de petit ruban jaune vous trotte par la tête quand on est de grand’garde ! »

MM. Maurice Bixio, colonel de la garde nationale, et Paul Collin, son lieutenant, viennent de passer quatorze jours à Cachan. Ils remplaçaient