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LE SIÉGE DE PARIS

jourd’hui résumer en un seul mot : héroïsme ! Quoi qu’il advienne, quoi qu’il arrive à la France, que les revers l’accablent, que l’infortune la désunisse, que ses ennemis l’écrasent, que ses enfants la déchirent, elle est redevenue la France, elle porte fièrement son drapeau lavé à Champigny, à Orléans, à Châteaudun, dans le sang de ses fils. Qui oserait nous jeter à la face la loque infecte de Sedan ?

Ce que Paris compte chaque jour de sacrifices, de dévouements à la patrie, est incalculable. Deux millions d’hommes, de femmes, d’enfants se privent, se ruinent, ont froid, ont faim, subissent toutes les maladresses des maigres distributions sans se plaindre. L’épreuve la plus terrible est la mortalité des enfants ; il n’y a plus de lait, et les mères, avec une nourriture insuffisante, voient leur sein se tarir !

Toute la journée, nous côtoyons des malheureux et leurs misères, des blessés et leurs blessures… Nous nous efforçons de soulager les uns et les autres ; mais on ne peut presque rien avec de l’argent.