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31 OCTOBRE.

tre heures, nos petits soldats avaient repris leurs positions. Enfin tout est réparé.

Ce qu’on apprend du dehors est excellent. Bourbaki aurait fait savoir qu’il est à Senlis. Menotti Garibaldi a remporté un avantage à Châtillon-sur-Seine. Nos armées de province approchent de Montargis. Nous allons nous donner la main.

Quel spectacle plein d’enseignement le monde verra, si nous nous relevons ! L’empire nous a broyés, déshonorés, livrés ; la République nous lave de nos souillures, nous rend l’honneur et nous délivre !

M. Cernuschi arrive chez moi, vers huit heures du soir, avec un casque prussien, un sabre-baïonnette, une cartouchière toute pleine, qu’il a enlevée à un mort sur le champ de bataille de Champigny. Il nous raconte toutes les péripéties de la bataille d’aujourd’hui, à laquelle il a pris part, sa canne à la main. Il a vu le pauvre colonel Franchetti blessé grièvement à la cuisse, gai, répétant à ses hommes, à ses officiers qui couraient vers lui pour le plaindre : « Bast ! j’aurai une cuisse de moins ; voilà tout ! »