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LE SIÉGE DE PARIS


cette sortie dont me parlait Jourdan ? Bismark, qui sait tout, et dont la perpétuelle tactique est de nous tromper, de nous empêcher d’agir, doit bénir la bonté de M.  Trochu, la naïveté de M.  Jules Favre, le scepticisme de M.  Picard, et la patiente crédulité des autres membres du gouvernement.

Les artistes se conduisent tous admirablement, avec une simplicité, une belle humeur, un dévouement qui provoquent les tendresses du peuple de Paris. Peintres, sculpteurs, écrivains, acteurs, chanteurs, musiciens, tous sont de la garde nationale, malgré les lois, les faveurs qui les exemptent. La plupart des artistes jeunes entrent dans les bataillons de guerre, dans ceux que les soldats nomment les « à outrance » ; les vieux montent la garde sur les remparts ; les plus vieux encore surveillent les distributions de vivres, font la police de leur quartier. Ils ne se croient pas déshonorés pour être ce que les gamins appellent des pantouflards.

M.  Landelle, le peintre, m’a conté l’histoire la plus touchante qui se puisse redire. A quatre