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LE SIÉGE DE PARIS.


corps, à la hiérarchie, à la routine, à l’incapacité, au mauvais vouloir d’un personnel plein de ressentiments bonapartistes.

Nous étions venues par Belleville et nous avions remarqué, en passant, que l’agitation y était déjà grande. Quand nous revenons, Belleville est en pleine émeute. Des gardes nationaux armés descendent vers Paris, suivant d’autres gardes nationaux qui les ont précédés. Les visages sont menaçants. Des femmes pleurent, d’autres excitent leurs maris qui n’ont pas besoin d’être excités. Elles forment çà et là, sur les portes, des groupes d’où j’entends crier « Il faut que tous nos hommes descendent ! Point d’armistice ! Plutôt faire sauter Paris que de nous rendre ! »

Dans toutes les rues, les boutiques sont fermées. Aux fenêtres, des figures anxieuses ; sur les trottoirs, des gens qui se lamentent tout haut et déplorent les malheurs de la France.

J’arrive à une certaine distance de l’Hôtel de ville, non sans peine. Là, je suis obligée de descendre de voiture, et j’entre dans une foule