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29 SEPTEMBRE.

n’avoir pas la force de l’entendre et j’essayai de me lever pour sortir. Il me fut impossible de bouger. Tandis que la salle entière chantait, applaudissait, trépignait, je fondis en larmes et je perdis un instant connaissance. Je quittai le Cirque l’une des dernières : j’avais le vertige et je me tenais aux chaises pour marcher. Au dehors, la nouvelle déjà répandue de la perte du Bourget provoquait une irritation violente ; les boulevards étaient remplis de gens dont la colère amassée, accumulée depuis un mois, éclatait à propos d’un fait que les généraux avaient jugé sans importance. « Toute notre patience, tous nos sacrifices, tout notre dévouement, répétaient les Parisiens, ne servent qu’à nous faire brosser partout et toujours ! »

Je retournai à l’ambulance du Conservatoire de musique ; le boulevard avait la physionomie d’un jour de révolution ; tous les gens qui se rencontraient, qui causaient, bourgeois, ouvriers, hommes ou femmes, tous ressentaient la même indignation, tous étaient d’accord dans leur blâme.