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LE SIÉGE DE PARIS.


tourna lentement, tranquillement, et dit : « Un quart de vin à l’homme qui a pointé ce coup-là » Nous apercevions des groupes de Prussiens derrière les bouquets d’arbres. Le commandant croyait à un mouvement de troupes sur les hauteurs, dans les bois, et faisait tirer dans toutes les directions où il apercevait quelques Prussiens. Un obus tomba au milieu d’une douzaine de grand’gardes, qui se jetèrent la face contre terre, mais dont quelques-uns furent certainement atteints.

Il faisait un temps splendide, un de ces temps par lesquels on rêve de courir à travers champs, à la poursuite des papillons. Nous envoyions des boulets à trois mille mètres, la mort, la destruction, dans ces jolis jardins, dans ces jolis bois, dans ces délicieuses maisons. La guerre, oui, la guerre est une chose étrange !

On s’habitue vite au bruit du canon. Lorsque le coup part, un courant d’air chaud vous balaye la figure, un déchirement se fait dans vos oreilles, l’attention tout entière est fixée sur la direction que doit suivre le boulet, on entend