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28 SEPTEMBRE.

pier pour que nous soyons riches et que maman achète du bon pain et de la bonne viande, » m’a-t-elle dit avec un accent inimitable auquel je ne puis songer sans avoir une grosse émotion.

Plusieurs de nos amis sont découragés. Dans quelle étrange situation d’esprit je suis depuis le début de cette guerre ! Avant le désastre de Sedan, je ne cessais de m’alarmer, de prédire la désolation des désolations ; maintenant, la pire des défaites me paraît encore un triomphe. Je suis certaine que nos ennemis s’étonnent de voir des vaincus ne pas se lasser d’être vaincus. Lutter, combattre, ne point désespérer de la victoire, ne point se courber sous les revers, se tenir debout quand on est broyé, ne rien craindre que la lâcheté et le déshonneur, c’est, pour un peuple comme pour un homme, forcer l’ennemi lui-même au respect.

La terre de la patrie est légère à ceux qui meurent pour elle !

Si M. Trochu avait des entrailles ! Je ne sais pourquoi je me le représente avec le visage tou-