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25 SEPTEMBRE.

n’avait littéralement que sa robe sur le dos : je l’ai habillée ; elle meurt de faim. Je voudrais donner tout ce qu’il y a à donner dans le monde ; je souffre tellement de la misère d’autrui ! J’ai peur d’avoir chaud. Je me rationne pour ne pas tant manger… Je me reproche le plus petit bien-être.

Adam me raconte qu’il a vu Gambetta. Notre ministre de l’intérieur est content de la province. Il dit que M. Thiers est fort actif, que l’amiral Fourichon et l’auteur du Consulat et de l’Empire font merveille dans l’organisation militaire à Tours. L’armée de province, assure Gambetta, pourra, dans quinze jours, inquiéter les Prussiens, enlever les convois, attaquer les petits corps d’ennemis isolés.

On a promené aujourd’hui dans les rues les soldats qui avaient fui au combat de Châtillon. Ils avaient les mains attachées, la capote à l’envers, le képi retourné. Sur leur dos était accrochée une pancarte avec un nom et ces mots : « Lâche ! a fui devant l’ennemi. » Des mobiles et des gardes nationaux faisaient la haie de