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LE SIÉGE DE PARIS.

j’écris pour avoir de l’argent : il y a tant de misère, les ambulances ont besoin de tant de choses !

On me raconte qu’un ancien élève de Saint-Cyr, versificateur par goût, républicain, pauvre, vient d’être nommé commandant d’un bataillon de la garde nationale à la Villette. On s’est cotisé pour l’équiper. Le bataillon lui a acheté, moyennant la somme de quinze francs, un paletot avec de l’astrakan ; un marchand de vin a donné le pantalon à bandes rouges ; un industriel enrichi, quelque vil flatteur, a offert des bottes ; le médecin du quartier a prêté son jeune cheval et son vieux képi. Il manque, paraît-il, un revolver au commandant. Je demande qu’on tire sur nous pour le revolver.

Une autre anecdote bien parisienne. Le jeune Godefroy Cavaignac s’est engagé, à dix-sept ans, pour la durée de la guerre ; il est dans un fort, il a pour compagnon de lit un gavroche nommé Bobéchon. Bobéchon est sale, paresseux, couard et chipeur. Bobéchon se fait servir par Godefroy ; il prend les deux tiers du lit ; il fait