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14 SEPTEMBRE

a conduits dans un endroit d’où nous apercevions des foyers d’incendie dans les bois d’Écouen et dans l’île Saint-Denis. Une flamme vive, serpentine, allongée, vague, tenait la plaine et l’horizon comme un éclair fixé. De gros météores rouges, deux par deux, immobiles, sinistres, semblaient prêts à se mettre en mouvement, à se grossir, à s’alimenter de destruction, à tout dévorer, à tout engloutir dans leurs gueules de feu.

Nous regardions Paris, les boulevards, les Champs-Élysées, avec leur perpétuel air de fête. Montmartre était sombre, triste, sans lumière. Notre guide m’a raconté que depuis deux mois il avait dévoré ses économies, que tout au plus il irait, par crédit, un mois encore, mais que, dût-il mourir trente fois de faim et de misère, jamais il ne demanderait qu’on rendît Paris aux Prussiens.

— Nous sommes trop bas, ajouta-t-il, nous n’avons plus l’air de Français ; on va voir ce que c’est que de nous, dans l’Europe ! Et moi, qui faisais le bijou pour l’exportation, je fa-