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instrument à syllogismes, vient-il condamner l’idéal dans l’amour, quand il ne tient compte dans l’amour que de ce qu’il y a de plus matériel, et partant de moins idéal ? — « C’est par la beauté que l’amour entre dans l’idéalisme. » — Oui ; mais comme cet idéalisme, dans l’être doué de sentiment et de raison, se contrôle sans cesse par le commerce du cœur et de l’esprit, il ne reste pas soumis exclusivement à l’action des sens plus ou moins surexcités par la beauté physique. Ne le voyons-nous pas maintenu par la bonté, par l’estime, nourri par l’intelligence, renouvelé par la grâce, grandi par l’admiration, exalté par la beauté morale, élevé par la gloire, perpétué en quelque sorte par le dévouement ? Certes, l’idéal qui ne s’applique qu’à la beauté de la forme est transitoire et fragile comme cette beauté ou plutôt comme l’idée de cette beauté, ce qui est bien plus fragile encore et bien plus transitoire. Mais l’idéal dans l’homme est toujours le reflet de son moi en même temps que l’image de l’objet externe. Il vaut ce que vaut l’homme lui-même, s’élevant comme son esprit, se purifiant comme sa conscience. Il est l’horizon de l’être moral et intellectuel, marchant et s’élargissant devant lui comme marche et s’élargit indéfini-