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des bruits du tam-tam et de la grosse caisse, je ne vois aucun mal à ce que M. Proudhon, après avoir usé de son droit et accompli son devoir, se soit laissé aller à son caractère ; je lui pardonne encore d’avoir effrayé la marmaille et même d’avoir distribué, souvent sans discernement, injures et horions à ceux qui se trouvaient sous la tangente de sa main ou sous le vent de sa parole.

Mais ce que je blâme en M. Proudhon, c’est l’inconsistance de ses vues et l’outrecuidante assurance de ses propositions ; c’est une certaine étroitesse d’esprit qui ne lui a pas permis d’apercevoir la complexité du problème social et lui a fait croire qu’il pouvait se résoudre par une simple formule ; ce que je blâme en lui, c’est cette fatuité qui le pousse à promettre toujours plus qu’il ne peut tenir, et à faire naître des espérances qu’il ne peut satisfaire. En agissant ainsi, il fatigue l’attention du peuple, désoriente son esprit, lasse son dévouement. Ce que je condamne surtout en M. Proudhon, c’est d’avoir associé le public à sa vaine recherche de l’absolu, de s’être écrié en tête de chacun de ses livres : « Eurêka ! je l’ai trouvé ! » quand il n’avait rien trouvé du tout, et de n’avoir jamais cessé d’offrir son élixir du jour comme la panacée universelle.