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n’en font qu’une par l’accord du sentiment. Leur cœur vibrant à l’unisson, la loi d’harmonie finit toujours par mettre un terme aux divisions momentanées de l’esprit ou du tempérament ; mais lorsque les deux époux sont devenus odieux l’un à l’autre, lorsque la vie commune leur est insupportable, la mise en commun de la personne est le pire de tous les esclavages.

La séparation légale remédie jusqu’à un certain point à cet état de choses ; mais ce n’est là qu’une transaction hypocrite entre le fait et la loi. Cependant, c’est déjà la reconnaissance de ce fait : qu’il est impossible d’obliger deux êtres libres à tenir toute leur vie les serments qu’ils se sont faits un jour. La négation des vœux éternels, tel est, au bout du compte, le principe de notre loi civile. Il ne s’agit plus que de réaliser ce principe dans le mariage.

La séparation de corps, qui oblige les époux à vivre chacun de son côté, et ne leur permet pas de contracter une nouvelle union, est un encouragement aux plus mauvaises mœurs. Elle interdit au mari le concubinat pour le jeter au lupanar ; car s’il avait une concubine, la femme séparée de corps pourrait encore le faire condamner comme adultère.