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puissance veut sans doute dire vigueur ; car il n’y a pas antinomie entre la puissance et la beauté, la beauté étant aussi une puissance.) Établir entre elles une comparaison, en faire l’objet d’un échange, payer des produits de la force la possession de la beauté, c’est avilir cette dernière, c’est rejeter la femme dans la servitude et l’homme dans l’iniquité. Le beau et le juste[1] se touchent par d’intimes rapports, sans doute ; mais ce sont deux catégories à part qui ne sauraient donner lieu, dans la société, à une similitude de droits, à une égalité de prérogatives.

« Constatons seulement que si, sous le rapport de la vigueur, l’homme est à la femme comme 3 est à 2, la femme, sous le rapport de la beauté, est aussi à l’homme comme 3 est à 2 ; que cet avantage ne lui est pas donné sans doute pour la laisser dans l’abjection, et qu’en attendant la loi qui doit régler les rapports des époux, la beauté

  1. Un des procédés de M. Proudhon consiste à introduire dans ses raisonnements un terme qui n’était pas dans les prémisses et qui vient en modifier les conséquences. Ainsi il s’agit ici de la force et de la beauté ; mais sous la plume habile du subtil ergoteur ; la force s’est transformée en puissance, puis en justice. Pourquoi parler du beau et du juste, quand il s’agit de la force et de la beauté ? Il faut se tenir toujours en garde contre ces tours de passe-passe. Mais que de gens y sont pris !