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lent mieux qu’un, et dans une famille où le père, qui n’a que son travail, est obligé de suffire aux besoins de sa femme et de trois ou quatre enfants, je me demande comment on vit si l’on vit, comment on mange si l’on mange, comment on est vêtu, chauffé, logé, et quelle éducation les enfants reçoivent. Le travail, en tout cas, est moralisateur, quand il n’est pas excessif, — alors il est abrutissant ; — et je ne vois pas que la vertu de l’épouse puisse jamais avoir à souffrir du travail de l’ouvrière. Quels sont les recruteurs ordinaires de la prostitution, si ce n’est l’impossibilité du travail honnête, l’insuffisance des salaires et enfin l’oisiveté, cette aïeule sempiternelle de tous les vices ? Ouvrir aux femmes les carrières d’un travail libre et convenablement rétribué, c’est fermer les portes du lupanar. Hommes, le voudrez-vous ?

Après l’hypocrisie qui flétrit impitoyablement les vices féminins, engraissés et entretenus par la corruption masculine, ce qui m’a toujours choquée chez les hommes, c’est le profond dédain avec lequel ils traitent la femme qui a atteint l’âge mûr. Dès ce moment, les réformateurs les plus sensibles cessent de s’occuper de son sort. L’homme commence à trente-cinq ou quarante ans à être