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LA CHAPELLE-SAINT-DENIS

Le cinquième, enfin, serait placé rue Polonceau, entre les nos 36 et 40, et non loin de la rue Erkmann-Chatriand. Il y existe toujours, aux nos 38 et 40, une véritable pente escarpée sur laquelle se trouve une curieuse petite maison fort ancienne, d’un étage, couverte de vieilles tuiles, entourée d’un jardin rustique auquel on accède de la rue par plusieurs marches. Nous ne serions pas autrement surpris que ce petit bâtiment fût l’ancienne maison du meunier, et le jardin, un vestige de son héritage. Ce point très élevé, le plus haut de la rue Polonceau, est d’autant plus caractéristique qu’en face, au no 41, existe toujours la si curieuse Villa Poissonnière, qui dévale à flanc de coteau vers la rue de la Goutte d’or. Les deux côtés de son raidillon sont meublés de petites maisons dans le goût de l’époque de Louis-Philippe, toutes précédées de jardins et de beaux arbres. Un auteur de 1851 en écrivait ces mots :

La Villa Poissonnière, composée de 20 maisons à l’anglaise ou cottages confortables, rue de la Goutte d’or 42 et des Couronnes 29 et 31, mérite d’étre visitée[1].

La rue des Couronnes d’alors est devenue la rue Polonceau par décret du 24 août 1864.

Le jardin des nos 38 et 40 dont nous venons de parler, sa petite maison, la pente escarpée de la Villa Poissonnière, permettent à peu près de rétablir par la pensée ce que pouvait être jadis la butte des Cinq Moulins ou des Couronnes.

Charles Sellier prétend que les vestiges de l’un des cinq moulins existaient encore il n’y a pas très longtemps, et au moment des transformations du quartier. Ils se trouvaient, dit-il, dans la rue des Gardes et étaient, en dernier lieu, une guinguette tenue par « le père Fauvet[2] ».

  1. Guide du promeneur aux barrières, par B. R. 1851, p. 106.
  2. Les Curiosités du Vieux-Montmartre, par Charles Sellier, 1904, p. 119.