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LA CHAPELLE-SAINT-DENIS

d’or, nous avouons franchement ne pouvoir la déterminer.

M. Firmin Leclerc, cependant, dans un travail particulièrement bien titré : La Légende de la Chapelle, n’y va pas par quatre chemins et prétend que ce vocable aurait pour origine l’excellence du vin de la région, très riche en vignes, en effet, comme nous venons de le démontrer. Il indique même, sans la moindre référence, il est vrai, que ce vin était assez prisé au moyen âge pour que la Ville de Paris en offrit quatre tonneaux au roi de France à chaque anniversaire de son couronnement. Le nom de Goutte d’or, selon le même auteur, aurait longtemps servi d’enseigne à un cabaret de l’endroit pour être, ensuite, attribué à une rue, et après au quartier dans lequel se trouvait jadis « le fameux clos[1] ».

Tout cela est sans doute fort amusant, mais ne repose sur rien de sérieux. La seule chose que l’on en puisse dire, selon nous, c’est que la Goutte d’or était un lieu dit situé dans un endroit où l’on cultivait beaucoup la vigne et où, probablement, elle réussissait fort bien, puisque cette exploitation s’y fit pendant plusieurs siècles. M. Charles Sellier, historiographe avisé de Montmartre, prétend, de son côté, que la dénomination de Goutte d’or provenait de l’enseigne d’un cabaret du XVIIIe siècle situé sur le chemin des Poissonniers[2].

On a vu plus haut que le vocable était déjà connu en 1474. Ajoutons, d’ailleurs, qu’une maison portant ce nom existait réellement au milieu du XVIIIe siècle : En 1768, Claude Gontier, nourrisseur de bestiaux, achète de la veuve Ruelle, la maison appelée la Goutte d'or, au prix de 3.300 livres, sise à Paris, en haut de la rue Poissonnière, à la Nouvelle France, tenant, la dite maison, à droite, au chemin des Moines ; d’autre

  1. Bulletin de la Société du Vieux-Montmartre, 1888, p. 20.
  2. Les Curiosités du Vieux-Montmartre. Paris 1904, p. 112.