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XII

FRAGMENT BIBLIQUE


 
MICOL, JONATHAS.

MICOL, dans l’obscurité, sans voir Jonathan.

L’astre des nuits à peine a fini sa carrière,
Et déjà le sommeil a fui de ma paupière !
O nuit ! ô doux sommeil ! tout ressent vos bienfaits !
Hélas ! et mes yeux seuls ne les goûtent jamais !

(Elle tombe à genoux près de l’arche.)

Toi que j’invoque en vain, toi dont la main puissante
A semé de ces feux la voûte éblouissante,
Toi de qui la parole a formé les humains
Pour servir de jouet à tes divines mains,
O Dieu ! si de ce trône ardent, inaccessible,
Où se cache à nos yeux ta majesté terrible,
Tu daignes abaisser tes regards jusqu’à nous,
Vois une amante en pleurs tombant à tes genoux !
Vois ce cœur déchiré qui tremble et qui t’implore
Au pied du tabernacle où tu veux qu’on t’adore,
T'offrir, sans se lasser de tes cruels refus,
Des vœux toujours soumis et jamais entendus !
Vois en pitié ce peuple accablé de misère,