Page:Lamartine - Recueillements poétiques, épitres et poésies diverses, 1888.djvu/293

Cette page a été validée par deux contributeurs.

 

Et la nuit s’écoulait dans ces chastes délires,
Et l’amour sous la table entrelaçait vos doigts,
Et les passants surpris entendaient ces deux lyres,
Dont l’une chante encore, et dont l’autre est sans voix…

Et quand du dernier vin la coupe fut vidée,
J’effeuillai dans mon verre un bouton de jasmin ;
Puis je sentis mon cœur mordu par une idée,
Et je sortis d’hier en redoutant demain !

. . . . . . . . . . . . . . . .


. . . . . . . . . . . . . . . .


. . . . . . . . . . . . . . . .


. . . . . . . . . . . . . . . .



Et maintenant je viens, convive sans couronne,
Redemander ma place à la table de deuil ;
Il est nuit, et j’entends sous les souffles d’automne
Le stupide Océan hurler contre un écueil !

N’importe ; asseyons-nous ! Il est fier, tu fus tendre !
— Que vas-tu nous servir, ô femme de douleurs ?
Où brûlèrent deux cœurs, il reste un peu de cendre :
Trempons-la d’une larme ! — Et c’est le pain des pleurs !


5 juin 1856.