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Comme les purs rayons de la céleste flamme
Elle a dû dès l’aurore environner notre ame,
De l’esprit par l’amour descendre dans les cœurs,
S’unir au souvenir, se fondre dans les mœurs ;
Ainsi qu’un grain fécond que l’hiver couvre encore,
Dans notre sein long-temps germer avant d’éclore,
Et, quand l’homme a passé son orageux été,
Donner son fruit divin pour l’immortalité.
Soleil mystérieux ! flambeau d’une autre sphère,
Prête à mes yeux mourants ta mystique lumière,
Pars du sein du Très-Haut, rayon consolateur.
Astre vivifiant, lève-toi dans mon cœur !
Hélas ! je n’ai que toi ; dans mes heures funèbres,
Ma raison qui pâlit m’abandonne aux ténèbres ;
Cette raison superbe, insuffisant flambeau,
S’éteint comme la vie aux portes du tombeau ;
Viens donc la remplacer, ô céleste lumière !
Viens d’un jour sans nuage inonder ma paupière ;
Tiens-moi lieu du soleil que je ne dois plus voir,
Et brille à l’horizon comme l’astre du soir.