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L’étendue à mes yeux révèle ta grandeur,
La terre ta bonté, les astres ta splendeur.
Tu t’es produit toi-même en ton brillant ouvrage ;
L’univers tout entier réfléchit ton image,
Et mon ame à son tour réfléchit l’univers.
Ma pensée, embrassant tes attributs divers,
Par-tout autour de soi te découvre et t’adore,
Se contemple soi-même et t’y découvre encore
Ainsi l’astre du jour éclate dans les cieux,
Se réfléchit dans l’onde et se peint à mes yeux.
C’est peu de croire en toi, bonté, beauté suprême ;
Je te cherche par-tout, j’aspire à toi, je t’aime ;
Mon ame est un rayon de lumière et d’amour
Qui, du foyer divin, détaché pour un jour,
De désirs dévorants loin de toi consumée,
Brûle de remonter à sa source enflammée.
Je respire, je sens, je pense, j’aime en toi.
Ce monde qui te cache est transparent pour moi ;
C’est toi que je découvre au fond de la nature,
C’est toi que je bénis dans toute créature.
Pour m’approcher de toi, j’ai fui dans ces déserts ;
Là, quand l’aube, agitant son voile dans les airs,
Entr’ouvre l’horizon qu’un jour naissant colore,
Et sème sur les monts les perles de l’aurore,
Pour moi c’est ton regard qui, du divin séjour,
S’entr’ouvre sur le monde et lui répand le jour :
Quand l’astre à son midi, suspendant sa carrière,
M’inonde de chaleur, de vie et de lumière,