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Tous ces fronts prosternés, ce feu qui les embrase,
Ces parfums, ces soupirs s’exhalant du saint lieu,
Ces élans enflammés, ces larmes de l’extase,
Tout me répond que c’est un Dieu.

Favoris du Seigneur, souffrez qu’à votre exemple,
Ainsi qu’un mendiant aux portes d’un palais,
J’adore aussi de loin, sur le seuil de son temple,
Le Dieu qui vous donne la paix.

Ah ! laissez-moi mêler mon hymne à vos louanges !
Que mon encens souillé monte avec votre encens.
Jadis les fils de l’homme aux saints concerts des anges
Ne mêlaient-ils pas leurs accents !

Du nombre des vivants chaque aurore m’efface,
Je suis rempli de jours, de douleurs, de remords.
Sous le portique obscur venez marquer ma place,
Ici, près du séjour des morts !

Souffrez qu’un étranger veille auprès de leur cendre,
Brûlant sur un cercueil comme ces saints flambeaux ;
La mort m’a tout ravi, la mort doit tout me rendre ;
J’attends le réveil des tombeaux !