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le voyageur fait pour la découvrir. Plus on la découvre, plus elle s’enfuit.

V.

La vallée de Saint-Point n’est qu’une large fissure que les eaux de quelque déluge, ou les affaissements de quelques fondations du sol, ou les déchirures de quelques secousses du globe ont faite entre deux montagnes qui devaient jadis se toucher. Avec le travail des siècles, les flancs opposés de ces deux montagnes, qui courent du sud au nord, se sont couverts de sable amené par je ne sais quels océans taris, de terres rares et maigres toujours reproduites par la végétation des herbes et par la chute annuelle des feuilles, toujours entraînées par leur poids, par les neiges ou par les pluies d’hiver au fond du ravin. Maintenant des bois, des prés d’herbe fine comme la toison verte de la terre recouvrent ces ossements des deux montagnes parallèles. Mais aux angles rentrants ou sortants des mamelons ou des caps dont les pleins d’un côté semblent correspondre géométriquement au vide