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et que je suis porté délicieusement à travers l’espace, léger et transparent comme l’air, jusqu’à je ne sais où. Ça me fâche toujours quand je rouvre les yeux et que je ne vois que le soleil. Je croyais que c’était lui, et je me désole d’avoir perdu son sentiment ! Mais je vous fais rire, monsieur ! Que voulez-vous ? nous sommes tous des enfants quand nous cherchons notre père ! Il s’est caché trop haut pour nos mains et pour nos yeux. Nous balbutions tous en l’appelant et en le cherchant ; nous n’embrassons jamais que son fantôme ! N’importe, continua-t-il en jetant un regard vers le tertre vert contre lequel j’étais assis, se tromper, c’est encore aimer, n’est-ce pas ?

Moi. — Oui, Claude, nous ne pouvons atteindre qu’à la portée de nos mains ; nous ne pouvons comprendre qu’à la mesure de nos esprits. Dieu veut que vous et moi nous sentions la distance que rien ne peut mesurer entre lui et nous. Toutes les fois que nous essayons de la combler avec nos rêves ou avec nos images, nous la comblons de nos sottises, de nos audaces ou de nos idoles ! Qu’il nous suffise de le sentir, de l’espérer et de l’aimer ! Quand à le